vendredi 24 avril 2020

Pour aider nos amis libraires


📚RÉSERVATION DE LIVRES ET RETRAIT đŸ˜·
Suite Ă  une clarification des consignes du gouvernement concernant le retrait de commandes dans les commerces non alimentaires, nous vous proposons, en restant fermĂ© un systĂšme de rĂ©servation de livres suivant les modalitĂ©s prĂ©cisĂ©es ci dessous đŸ‘‡đŸŒ
NOTA BENE :⚠⚠⚠⚠
- Seuls les livres disponibles dans la librairie pourront vous ĂȘtre proposĂ©s (mais on en a beaucoup rassurez-vous).⚠⚠⚠⚠⚠

MARCHE Ă  SUIVRE CI-DESSOUS :đŸ‘‡đŸŒ
1/ Une envie prĂ©cise : Merci de d'abord vĂ©rifier la disponibilitĂ© d’un livre dans nos rayons sur le site
đŸ‘‰đŸ» https://www.librairies-nouvelleaquitaine.com/
2/ SI nous l'avons en stock:  Écrivez nous Ă  librairie.rueenpente@gmail.com💌💌💌
- Vous pourrez également nous joindre par téléphone pendant les heures de présence au
05 59 25 62 47
- Nous avons plein de bons livres en stock et nous nous ferons un plaisir de vous les conseiller !

3/ Nous vous confirmerons votre réservation par retour de courriel ou par téléphone.
4/ N'oubliez pas de vous munir de votre attestation de sortie.
5/ Le retrait et le paiement : à la porte de la librairie par CB de préférence, chacun de nous sera masqué et ganté ! Vous comme nous!
â˜đŸŒHoraires des permanences : ( je traite vos commandes le matin, et vous venez les retirer l'aprĂšs-midi)
- â˜đŸŒlundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi de 15h Ă  17h (❗selon l’affluence, les permanences sont susceptibles d’ĂȘtre modifiĂ©es)

Encore une fois nous ( vous et moi ) serons masquĂ©s et porterons des gantsđŸ˜·
Notez que seule la gĂ©rante travaille merci de votre patience đŸ€—

L’accueil, le retrait des ouvrages et les encaissements se feront Ă  la porte de la librairie.⛔
Nous sommes ravis de vous retrouver mĂȘme si les Ă©changes seront brefs et rapides.
⚠ Cette option n’est possible que si nous sommes tous responsables et que nous respectons bien les gestes barriĂšres.
Nous vous ferons trĂšs rĂ©guliĂšrement des suggestions sur notre page Facebook de lectures par genre et photographierons nos rayons si cela peut vous inspirer ! Voici son lien :  https://www.facebook.com/librairiedelarueenpente/
On attend de vos nouvelles, en espérant que cela vous convienne.
A trĂšs vite,

Jeanne
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lundi 13 avril 2020

Entretien du Monde avec Barbara Stiegler


La philosophe explique que la colĂšre citoyenne face Ă  l’imprĂ©paration des gouvernements nĂ©olibĂ©raux pour les protĂ©ger de la pandĂ©mie doit dĂ©boucher sur un sursaut politique et une vĂ©ritable « dĂ©mocratie sanitaire »

Professeure de philosophie politique Ă  l’universitĂ© Bordeaux Montaigne et responsable du master « soin, Ă©thique et santĂ© », Barbara Stiegler est l’auteure d’Il faut s’adapter. Sur un nouvel impĂ©ratif politique (Gallimard, 336 p., 22 euros) et de Du cap aux grĂšves. RĂ©cit d’une mobilisation. 17 novembre 2018­ 5 mars 2020 (Verdier, 139 p., 7 euros, Ă  paraĂźtre). Dans un entretien au Monde, elle explique les raisons idĂ©ologiques de l’imprĂ©paration des gouvernements nĂ©olibĂ©raux Ă  la crise due au coronavirus et en appelle Ă  la mise en place d’une « dĂ©mocratie sanitaire ».

Comment expliquer l’imprĂ©paration, notamment française, face Ă  cette pandĂ©mie mondiale ?

L’imprĂ©paration est en effet gĂ©nĂ©rale, mais les motifs divergent selon la culture politique de chaque pays. Aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, les choix qui ont Ă©tĂ© faits au dĂ©part allaient dans le sens du laisser-faire et s’inscrivaient dans une vision utilitariste assumĂ©e. Pour le bien commun, il valait mieux que certaines vies de moindre valeur soient sacrifiĂ©es. En France, oĂč un tel discours aurait eu du mal Ă  passer, la rĂ©duction continue du nombre de lits et de soignants et la pĂ©nurie de masques, d’équipements de protection et bientĂŽt de mĂ©dicaments conduit Ă©galement Ă  trier les patients, mais sans le dire publiquement. Cette situation reflĂšte plutĂŽt la vision nĂ©olibĂ©rale de la santĂ© publique et son imaginaire. Dans sa conception du sens de l’histoire, nous irions en effet vers un monde immatĂ©riel de flux et de compĂ©tences, censĂ© ĂȘtre en avance sur le monde d’avant, qui lui serait fait de stocks et de vulnĂ©rabilitĂ©s, c’est-Ă -dire, au fond, de matiĂšre et de souffrance. Nos Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es seraient fondĂ©es sur l’« innovation » et sur l’« Ă©conomie de la connaissance », ce serait lĂ  d’ailleurs le nouveau sens de la santĂ©, et elles devraient dĂ©lĂ©guer aux continents du Sud, Ă  l’Afrique et Ă  l’Asie principalement, la fabrication industrielle des biens matĂ©riels. Avec une telle conception fantasmatique du sens de l’histoire, nos gouvernants ne pouvaient que renvoyer l’épidĂ©mie infectieuse et l’industrie manufacturiĂšre Ă  un monde sous-dĂ©veloppĂ© et Ă  des temps anciens que nous, Occidentaux, aurions dĂ©passĂ©s. L’idĂ©e fut au fond qu’un tel virus Ă©tait, comme les stocks de masques, trop archaĂŻque pour concerner nos sociĂ©tĂ©s, trop performantes pour y ĂȘtre exposĂ©es. L’origine supposĂ©e de la pandĂ©mie a d’ailleurs pu contribuer Ă  redoubler ce mĂ©canisme de dĂ©ni. Car quel rapport nos vies aseptisĂ©es et nos systĂšmes de santĂ© ultramodernes pouvaient-ils bien avoir avec ce sombre mĂ©lange de saletĂ©, d’élevage domestique confinĂ© et de faune sauvage malade qu’évoquent les marchĂ©s d’animaux asiatiques ? Tournant le dos Ă  ces images dĂ©plaisantes de chauve-souris et de volailles infectĂ©es, pourtant emblĂ©matiques de notre Ă©conomie mondialisĂ©e qui entasse les vivants dans des environnements industriels de plus en plus dĂ©gradĂ©s, le nĂ©olibĂ©ralisme prĂ©fĂšre tourner ses regards vers l’avenir radieux promis par l’innovation biomĂ©dicale et continuer d’occulter les facteurs sociaux et environnementaux de toutes les pathologies, tant infectieuses que chroniques.

Dans quelle mesure cette vision néolibérale de la médecine reprend-elle celle théorisée par Walter Lippmann dans les années 1930 ?

L’idĂ©e vĂ©hiculĂ©e depuis des annĂ©es est au fond que notre systĂšme sanitaire doit en finir avec la vieille mĂ©decine clinique, fondĂ©e sur la souffrance et la plainte du patient, de mĂȘme qu’il serait censĂ© en avoir fini avec les grandes Ă©pidĂ©mies infectieuses, supposant l’assistance Ă  des populations vulnĂ©rables. C’est le sens de la mĂ©decine dite « proactive », portĂ©e par les promesses du virage numĂ©rique et des donnĂ©es massives (big data) en santĂ©. A notre vieille mĂ©decine jugĂ©e « rĂ©active », la vision proactive oppose des processus d’optimisation continue, oĂč ce sont les patients eux-mĂȘmes qui sont censĂ©s gĂ©rer de maniĂšre optimale leurs propres comportements face aux risques. Comme chez Walter Lippmann, l’idĂ©e est d’augmenter les performances des individus et leur capacitĂ© Ă  s’adapter, y compris Ă  un environnement dĂ©gradĂ©. Cette vision, que l’on retrouve dans le champ de la maladie chronique avec la « mĂ©decine des 4 P » (« personnalisĂ©e », « prĂ©dictive », « prĂ©ventive », « participative »), sous-tend une nouvelle conception de la santĂ© publique qui passe exclusivement par la responsabilitĂ© individuelle et qui refuse d’assumer une vision collective des dĂ©terminants sociaux de santĂ©, soupçonnĂ©e de dĂ©boucher sur une action sociale trop collectiviste. C’est l’accumulation de tous ces dualismes imaginaires qui a crĂ©Ă© la cĂ©citĂ© de nos gouvernants face Ă  la crise et qui a produit la situation actuelle : un trĂšs long retard au dĂ©marrage pour prendre des mesures collectives de santĂ© publique, doublĂ© d’une spectaculaire pĂ©nurie organisĂ©e au nom de la santĂ© elle-mĂȘme, alors mĂȘme que des alertes sur les maladies Ă©mergentes se multipliaient dans la littĂ©rature scientifique depuis des annĂ©es et que l’OMS lançait des recommandations trĂšs claires dĂšs la fin du mois de janvier.

Cela ne donne-t-il pas raison Ă  son contradicteur, John Dewey ?

Absolument. Comme la crise climatique et comme d’autres grandes crises sanitaires, ce virus rĂ©vĂšle le retard des gouvernants et de leurs stĂ©rĂ©otypes sur les citoyens, ou plus exactement sur ceux que John Dewey nomme les « publics », c’est-Ă -dire les groupes de citoyens qui sont en premiĂšre ligne face Ă  un problĂšme. Avec Walter Lippmann, les nĂ©olibĂ©raux considĂšrent que ceux qu’ils appellent les « dirigeants » (leaders) sont par principe en avance sur la population. Parce qu’ils sont beaucoup plus mobiles, ils auraient une vue plus adaptĂ©e Ă  la mobilitĂ© du rĂ©el, tandis que les masses inertes seraient par nature enfermĂ©es dans ce qu’il appelle des « stĂ©rĂ©otypes », c’est-Ă -dire des reprĂ©sentations figĂ©es du rĂ©el. Or, la situation actuelle tend Ă  dĂ©montrer l’inverse. Si les « Ă©lites » mondialisĂ©es sont aveugles et dans le dĂ©ni, c’est du fait mĂȘme de leur mobilitĂ©, car cette derniĂšre les attache Ă  des maniĂšres de vivre qui se rĂ©vĂšlent de plus en plus archaĂŻques et inadaptĂ©es Ă  la crise Ă©cologique, tandis que les populations s’inquiĂštent de maniĂšre bien plus lucide et commencent Ă  douter.

Aviez-vous pris vous-mĂȘme la mesure de l’ampleur de l’épidĂ©mie ?

Je n’ai rien compris Ă  ce qui se passait. DĂ©bordĂ©e par d’autres fronts ouverts par la mobilisation sociale, j’ai plus ou moins fait confiance au gouvernement dans sa gestion du virus et j’ai adhĂ©rĂ© par inertie aux stĂ©rĂ©otypes et aux « fake news » diffusĂ©s par le discours dominant : « C’est une petite grippe », « il ne faut rien changer Ă  nos habitudes de sortie » (le prĂ©sident Emmanuel Macron, le 6 mars), « la Chine et l’Italie surrĂ©agissent ». C’est seulement le soir de la fermeture brutale de tous les cafĂ©s et restaurants par le premier ministre, Edouard Philippe, que j’ai commencĂ© Ă  comprendre qu’on nous cachait quelque chose. Une injonction contradictoire apparaissait au grand jour, qui reprenait exactement la mĂȘme structure que l’élĂ©ment dĂ©clencheur de la crise des « gilets jaunes » avec la taxe carbone. « Soyez mobiles, mais ne prenez pas votre voiture » (novembre 2018) devenait « Restez chez vous, mais allez voter » (mars 2020), contradiction qui n’a pas cessĂ© d’ĂȘtre relayĂ©e ensuite par des Ă©noncĂ©s du type : « Restez chez vous, mais allez travailler ». Au lieu de passer leur temps Ă  dĂ©noncer les rĂ©seaux sociaux et accrĂ©diter l’idĂ©e que le pouvoir serait par principe du cĂŽtĂ© du savoir, les experts et les gouvernants seraient bien inspirĂ©s de reconnaĂźtre leur retard sur les Ă©vĂ©nements.

Quels sont les effets psychiques, sociaux et politiques de ces injonctions contradictoires ?

La multiplication de ces signaux contradictoires autour du thĂšme de l’ouverture et de la clĂŽture, de la stase et du flux, produit un effet permanent de double contrainte (double bind), qui est intenable pour ceux auxquels elle s’adresse et qui sape complĂštement l’autoritĂ© des gouvernants. Son origine est toujours la mĂȘme. Elle vient de la crise Ă©cologique et sanitaire qui fracasse le cap, et avec lui le discours de ses capitaines, de l’intĂ©rieur. En Chine, en Italie et en France, ce furent en effet les publics concernĂ©s, ceux qui Ă©taient rĂ©ellement en lutte contre le virus, qui ont Ă©tĂ© Ă  chaque fois en avance sur la situation. Or, ce retard a Ă©tĂ© sans cesse dĂ©niĂ© et dissimulĂ© par les dirigeants. Dans notre pays, ce fut et c’est encore la fonction du discours dominant sur l’indiscipline et l’irresponsabilitĂ© des Français. Ce discours a aussi pour fonction de nous culpabiliser. En surinvestissant le registre moral, il s’agit de produire une complĂšte dĂ©politisation des questions, qui passe par l’hĂ©roĂŻsation des soignants, l’activation de la fibre morale de tous les citoyens et la stigmatisation des mauvais Français. En mettant en scĂšne notre ignorance, il permet enfin de donner les pleins pouvoirs aux dirigeants. Dans un monde complexe, mouvant et incertain, les masses doivent laisser la dĂ©cision aux experts, et dans une situation de crise, la dĂ©mocratie doit faire place Ă  l’union sacrĂ©e derriĂšre son chef de guerre. Sauf que derriĂšre la mise en scĂšne d’un pays en ordre de bataille, la dĂ©fiance est toujours lĂ  et la colĂšre grandit. Cette colĂšre n’ira dans le bon sens qu’à condition de devenir politique. Pour cela, il faut exiger dĂšs maintenant une vĂ©ritable dĂ©mocratie sanitaire. Que les choix de santĂ© publique deviennent, comme les choix Ă©conomiques et sociaux, une affaire collective et non la chose rĂ©servĂ©e des experts et des dirigeants. Puisque nous entrons dans un temps de crises majeures, le prĂ©texte de la pandĂ©mie n’est pas audible, Ă  moins qu’on choisisse clairement d’en finir avec la dĂ©mocratie et de prĂ©fĂ©rer un gouvernement autoritaire (la Chine) ou par le big data (la CorĂ©e du Sud). Cette tentation existe dans les discours dominants, mais je crois qu’il faut systĂ©matiquement la combattre.

Le pouvoir dit « Restez chez vous », mais Ă©galement que « tout continue ». En quoi s’agit-il d’une illusion ?

Cette illusion est le moteur des « grands plans de continuitĂ© d’activitĂ© » (business continuity plan), qui fleurissent dans toutes nos organisations. Ces plans jouent Ă©videmment sur le bon sens. Ne faut-il pas continuer Ă  soutenir la vie, Ă  s’occuper de nos Ă©lĂšves, de nos Ă©tudiants, de nos enfants, Ă  assurer le maintien des fonctions vitales du pays ? Mais derriĂšre ces assertions de bon sens, c’est tout autre chose qui se joue. En imposant Ă  tous l’économie du numĂ©rique, qui livre toute une population, y compris les plus jeunes (une injonction contradictoire de plus !), au pouvoir des Ă©crans, nos responsables ne font en rĂ©alitĂ© qu’une chose : poursuivre Ă  toute force la pression du surmenage, de l’évaluation et de la compĂ©tition mondialisĂ©e qui minent nos sociĂ©tĂ©s. L’idĂ©e est de ne surtout pas affronter les discontinuitĂ©s inouĂŻes du rĂ©el et de les recouvrir par une continuitĂ© factice, en jouant sur des ressorts psychologiques bien connus : la peur du vide, l’évitement du deuil et la terreur devant l’inĂ©dit. Le nĂ©olibĂ©ralisme n’est pas seulement dans les grandes entreprises, sur les places financiĂšres et sur les marchĂ©s. Il est d’abord en nous, et dans nos minuscules maniĂšres de vivre qu’il a progressivement transformĂ©es et dont il s’agit aujourd’hui que nous reprenions collectivement le contrĂŽle.

Propos recueillis par Nicolas Truong

Sur les traces d'Ulysse



A 17h45, sur Arte, Dans le sillage d'Ulysse avec Sylvain Tesson.
1er épisode d'une série de 5.
On peut aussi les voir ici :
https://www.arte.tv/fr/videos/081562-001-A/dans-le-sillage-d-ulysse-avec-sylvain-tesson-1-5/

À bord d’un majestueux voilier, l’écrivain voyageur Sylvain Tesson part en MĂ©diterranĂ©e sur les traces d’Ulysse, hĂ©ros de l’"OdyssĂ©e" d’HomĂšre. 

Merci à Marie-Claudine et Christian de me l'avoir signalé.

mercredi 8 avril 2020

Idées de lecture

Les éditions Gallimard ont créé une collection? Tracts, il y a un peu plus d'un an.
Il s'agit de textes brefs portant sur une question d'actualité, signés de philosophes ou d'écrivains.
Lors de cette crise, les éditions Gallimard ont décidé de publier des textes portant sur la situation présente et de les rendre accessible gratuitement.
Pour les lire, il suffit de se rendre ici :
https://tracts.gallimard.fr/fr/pages/tracts-de-crise

Ce sont des textes de 5 Ă  10 pages proposant l'Ă©clairage d'Ă©crivains et de penseurs. 
Ces points de vue, trĂšs divers, sont passionnants.

bonne lecture !

Discours de Stockholm d'A. Camus


Entretien avec A. Camus


Conférence de Baroja, mardi 1er avril

  MARDI 1 ER AVRIL, Ecuries de Baroja, 20h30 Doria Messaoudene , auteure des livres Les Philosophes expliquent pourquoi et En tĂȘte-Ă -...