vendredi 18 octobre 2019

Séminaire Michel Serres


 
Un séminaire de philosophie animé par Christophe Lamoure, professeur de philosophie, se tiendra à la maison des associations de Biarritz du lundi 21 au vendredi 25 octobre, tous les matins de 10h à 12h sauf le mercredi.

Il sera consacré au philosophe Michel Serres (1930-2019).

Il est l'un des derniers philosophes à avoir poursuivi l'ambition d'un savoir quasi universel.

Auteur d'une œuvre protéiforme, écrite dans une langue belle et originale, je vous invite à en explorer quelques thématiques.


Les matinées se distribueront ainsi :


Lundi :
Le parcours de Michel Serres : de la science à la philosophieMardi :Repenser notre rapport à la nature
Jeudi :
Repenser la propriété
Vendredi :Repenser l'éducation
Pour plus d’informations ou pour s’inscrire, il suffit de me le signaler par mail ou téléphone : 06 48 12 54 45.
 

mardi 8 octobre 2019

Hugo en voyage dans les Pyrénées




PYRENEES OU LE VOYAGE DE L’ ÉTÉ 1843

carnets de Victor Hugo

Adaptation théâtrale de Sylvie Blotnikas

Production : Acte 2 – LA PETITE COMPAGNIE

Le Colisée, jeudi et vendredi 18 octobre 2019 à 20 h 30

Victor Hugo : le fondateur du drame romantique, le génie de la poésie lyrique ou politique, le géant du roman réaliste ou historique ; mais aussi, le monarchiste devenu républicain contraint à s’exiler à Guernesey durant près de 20 ans ; mais encore, le père désespéré à la mort de Léopoldine, sa fille chérie. Chaque lecteur ou spectateur a sûrement déjà découvert un aspect de cet écrivain engagé aux multiples visages.

Mais Pyrénées ou le voyage de l’été 1843 révèle un Victor Hugo nouveau, un « tourist » passionné de voyages, parti chaque été depuis 10 ans à la découverte de la France ou de ses pays frontaliers, comme la Belgique, la Suisse et surtout l’Allemagne.

Le Journal d’un voyageur « solitaire »

En 1843, à 41 ans, Victor Hugo est déjà un écrivain célèbre mais les « luttes » du théâtre et l’échec des Burgraves l’ont fatigué.  Il décide alors d’entreprendre un nouveau voyage vers les Pyrénées pour soigner sa santé – ses rhumatismes et ses yeux – aux eaux thermales de Cauterets. Il part en compagnie de sa maîtresse Juliette Drouet, mais tout à fait incognito, si possible même pour lui, car il voyage sous le nom de M. GO ou GAULT, peu importe l’orthographe… Son journal qu’il rédige minutieusement en fonction des circonstances et des incidents de son itinéraire et de ses excursions, ne met jamais en scène qu’un voyageur solitaire aussi épris de culture que de nature. Le texte comporte narrations, descriptions et réflexions rédigées à la première personne, sans destinataire connu sauf la lettre adressée à son ami Louis Boulanger, depuis Cauterets ; l’ensemble inachevé ne sera publié qu’après la mort du poète.

Le récit débute à Bordeaux les 20 et 21 juillet et se termine à l’île d’Oléron, le 8 septembre, après avoir évoqué, plus ou moins longuement, les séjours à Bayonne et Biarritz, Saint-Sébastien, Passages, Pampelune, Pau, Cauterets et Gavarnie, puis sur le retour vers Paris, Auch, Agen, Périgueux et Saintes ; le journal s’interrompt brutalement sur la vision sépulcrale de l’île d’Oléron, comme si le poète, « la mort dans l’âme » avait pressenti soudain la funèbre nouvelle du lendemain 9 septembre. Il ne voyagera plus jamais en touriste.

« Chaque usage a sa raison. » ( Montaigne)

Même ouverture d’esprit et même philosophie chez Hugo. La tristesse qui l’accable à son arrivée à Oléron ne peut faire oublier au lecteur, les multiples sources de bonheur qui ont enchanté le voyageur pendant deux mois. Sa curiosité insatiable pour les détails humains ou historiques, son goût de l’improvisation voire de l’aventure, sa recherche du contact avec les habitants même les plus modestes et du partage de leur mode de vie, son intérêt pour les différences entre les cultures ou les mœurs, autant de regards toujours associés au sentiment profond de la nature, exalté par les moindres découvertes ; telles sont les causes de sa gaieté jusqu’à l’émerveillement, de son attendrissement aux souvenirs de sa vie enfantine et souvent, de son humour de philosophe face aux surprises désagréables . Le penseur n’est jamais loin qui s’étonne, questionne, réfléchit ou reconnaît son ignorance ; ses méditations lyriques sur la mort visitée, l’enfance retrouvée, le passé ressuscité, les animaux exploités ou les guerres dénoncées, amplifient la portée du pittoresque.

Le style vif, alerte, très imagé, riche en comparaisons contradictoires et en métaphores culturelles pour éclairer l’inconnu par des références connues, confirme la recherche passionnée de l’artiste à la découverte des mystères du monde humain et naturel.

Le texte théâtralisé par Sylvie Blotnikas et incarné par Julien Rochefort

Cette écriture directe et personnelle semble prendre à témoin un lecteur ami pour lui faire partager des confidences ; elle se prête bien à la communication théâtrale sous la forme d’un monologue de « seul en scène ». L’adaptation ne pouvant pas conserver tous les épisodes du périple, la metteure en scène a procédé à des coupures et intégré quatre extraits de lettres à Léopoldine pour clarifier l’enchaînement du récit ; elle prend aussi le relais de l’écrivain, pour l’épilogue.

Les spectateurs basques seront ravis découvrir à quel point Bayonne et Biarritz, ont marqué son cœur – « Je n’ai pas pu entrer dans Bayonne sans émotion »- et son esprit, – « Biarritz est un lieu admirable. Je n’ai qu’une peur c’est qu’il ne devienne à la mode ». Les charmes du Pays basque, campagne, mer, montagne, villes ou villages, visités jusqu’en Espagne, en diligence, à pieds ou en bateau, ont suscité au voyageur autant d’étonnements que d’admiration. Malgré les ruines des guerres carlistes et la pauvreté du petit peuple, son attirance pour l’âme espagnole s’est ravivée.

L’ ensemble de ce récit est adapté pour la première fois au théâtre ; néanmoins, quelques Bayonnais se souviendront peut-être qu’en novembre 2002, leur ville avait commémoré le bicentenaire de l’écrivain en évoquant son séjour familial d’un mois, à l’âge de 9 ans, avant d’aller rejoindre son père, général à Madrid : le musée Bonnat a accueilli alors une série de conférences associées à une courte représentation théâtrale intitulée Tendresse d’Olympio, qui ressuscitait les péripéties comiques et sentimentales de cette halte mémorable à Bayonne : « C’est là qu’est le plus ancien souvenir de (s)on cœur. »

Sylvie Blotnikas manifeste ses talents depuis plusieurs années : comédienne, auteur dramatique et metteure en scène, elle a travaillé pour le théâtre, le cinéma et la télévision dans des projets ambitieux. Elle a créé Pyrénées au théâtre du Lucernaire en 2016 puis au Festival Off d’Avignon en 2017 et 2018.

Julien Rochefort, comédien de théâtre et acteur de cinéma a joué dans trois pièces de S. Blotnikas et tourné dans des films d’A. Corneau, C. Chabrol et PH. De Broca. Il a créé le rôle avec succès au Lucernaire «  dans la simplicité du jeu théâtral la plus totale, presque  sans accessoire et sans décor », puis l’a joué au théâtre de La Luna en Avignon. Il est l’un des fils de Jean Rochefort.

L’approbation de la critique à la création en 2016

« Julien Rochefort rêvait depuis longtemps de faire entendre ce texte très particulier, d’une beauté magistrale.(…) Vous serez sidéré par la manière dont Hugo analyse les impressions, les paysages, les détails qu’il retrouve… C’est avant Proust, les miracles de la mémoire… L’adaptation est bonne, la direction sobre, l’interprète sensible et profond. Un merveilleux moment de haute littérature. »

Armelle Héliot , Figaroscope

Ce texte magnifique est ici magistralement interprété. (…) Ce n’est pourtant pas un texte destiné à être dit, ni moins encore à être joué, mais l’interprète et sa metteure en scène savent l’animer. On se balade avec un Hugo espiègle et gamin. »

Jacques Nerson, L’Obs

« Julien Rochefort peut distiller sans jamais en faire trop, avec ce qu’il faut de théâtralité, de distance comique, et de style XIXe romantique, la fascinante écriture du maître, tout ensemble descriptive et onirique, pittoresque et philosophique. »

Fabienne Pascaud, Télérama

Merci à la PETITE COMPAGNIE de nous faire découvrir un Victor Hugo méconnu, si proche de la vie quotidienne d’un simple touriste, mais toujours aussi exigeant dans sa découverte de mondes étrangers. La critique de Montaigne, soutenue ici par le poète, avait déjà dénoncé, en son temps, le comportement de nombreux voyageurs : « La plupart ne prennent que l’aller pour le venir. Ils voyagent couverts et resserrés d’une prudence taciturne et incommunicable, se défendant de la contagion d’un air inconnu. » L’antithèse du vécu hugolien.

Nicole LOUIS