samedi 30 mars 2019

Claude Habib à Baroja (Anglet)



Une conférence se tiendra mardi 2 avril à 20h30 aux écuries de Baroja (Anglet).
 
L'invitée, Mme Claude Habib, professeur de littérature à l'université de la Sorbonne nouvelle, spécialiste de la littérature du XVIII° siècle traitera du sujet suivant :
La tolérance ou l’effort contre soi
La tolérance fut conceptualisée au XVIIe siècle par Bayle et Locke, dans l’après coup des guerres de religion européennes, avant d’être diffusée par Voltaire au siècle suivant. Nous héritons de leurs avancées, dans un contexte entièrement différent. Les revendications de droits subjectifs d’une part, et les migrations d’autre part ont bouleversé les thèmes et, par suite, l’exercice de la tolérance : à présent les sociétaires sont mis en demeure d’accepter les orientations sexuelles les plus diverses tout en accueillant les croyances et les mœurs de populations d’origines variées. Sans aucun doute la tolérance est indispensable pour assurer la coexistence au sein des sociétés modernes. Mais elle ne va pas de soi. Le basculement d’une partie des opinons en Europe et aux Etats-Unis indique qu’elle n’est jamais un acquis. On ne peut se reposer sur la tolérance : elle exige en chacun un effort permanent pour avouer, affronter et surmonter ses aversions .Car il n’est de tolérance qu’envers ce qu’on ne supporte pas sans mal.
 
 
L'entrée est libre et gratuite.

samedi 23 mars 2019

Conférence à Biarritz




A l'invitation de l'université du temps libre de Biarritz,
Christophe Lamoure, professeur de philosophie,
prononcera une conférence le jeudi 28 mars à 16h15
à la maison des associations de Biarritz
(quartier Petricot, 2 rue Darritchon).
 
 
"Penser le fait religieux avec Henri Bergson"


En 1932, le philosophe Henri Bergson (1859-1941) publie son dernier livre Les Deux Sources de la morale et de la religion. S'appuyant sur les travaux des sociologues, prêtant une attention soutenue aux phénomènes mystiques, soulignant l'influence de grandes figures spirituelles dans l'histoire de l'humanité, il jette une lumière originale et puissante sur le rôle majeur que jouent les religions dans la vie des peuples et des individus.

Alors qu'on évoque un retour du religieux dans le monde contemporain, soit pour s'en inquiéter soit pour s'en réjouir, la réflexion d'Henri Bergson est d'un grand intérêt pour comprendre ce qui est en jeu dans ces mouvements puissants, capables de bouleverser, pour le meilleur et pour le pire, le mode de vie des personnes et des sociétés.
 
 

jeudi 14 mars 2019

Barbara Stiegler : Faut-il s'adapter ? bis



Barbara Stiegler vous présente son ouvrage "Il faut s'adapter : sur un nouvel impératif politique" aux éditions Gallimard. Rencontre animée par Kim Sang Ong-Van-Cung de la Société de Philosophie de Bordeaux et Jean Petaux de Sciences-Po Bordeaux. En partenariat avec l'Université Bordeaux Montaigne.

Barbara Stiegler : Faut-il s'adapter ?



Dans ce monde néolibéral où nous serions toujours en retard, il faudrait "s'adapter"... Analyse d'un courant de pensée né de la société industrielle, avec Barbara Stiegler, auteure de ""Il faut s'adapter". Sur un nouvel impératif politique" (Gallimard, 2019).

"Il faut s'adapter", "nous sommes en retard"... autant d'expressions rebattues dans nos sociétés mondialisées, et dont l'origine remonte déjà à la révolution industrielle. Car, du point de vue néolibéral, forme de libéralisme qui privilégie une forme d’intervention étatique, l'espèce humaine devrait apprendre à vivre dans un nouvel environnement, s'adapter à cette "grande révolution" par des politiques de santé et d'éducation, lesquelles seraient menées par des experts distants du peuple "masse".
"La démocratie devient une technique politique de fabrication du consentement des masses."     
(Barbara Stiegler)
On en parle avec la philosophe Barbara Stiegler, professeure à l’université de Bordeaux, membre de l'Institut universitaire de France, ses recherches portent notamment sur l’histoire des libéralismes et de la démocratie. Elle publie "Il faut s'adapter". Sur un nouvel impératif politique (Gallimard, 2019), essai sur un nouvel impératif politique. Une généalogie du néolibéralisme qui remonte aux années 1920, à l’écriture d’un grand récit qui semble encore influencer les esprits et guider l’action publique.
"Il  y a une lutte contre les inégalités, le but étant de dégager des inégalités naturelles [...] pour que le meilleur gagne."  
(Barbara Stiegler)

Marcel Gauchet, la crise de la démocratie

SOURCE :
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/11/marcel-gauchet-je-crains-une-anomie-democratique_5434272_3234.html


Ce qui pose problème aujourd’hui, ce n’est pas le principe démocratique mais la façon de le traduire et de le faire fonctionner, estime le philosophe et historien Marcel Gauchet.
 
Propos recueillis par Françoise Fressoz
Publié le 11 mars 2019 à 07h00 - Mis à jour le 11 mars 2019 à 07h00
 
Le Cercle des économistes. Penseur de la démocratie, le philosophe et historien Marcel Gauchet est directeur d’études émérite à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), rédacteur en chef de la revue Le Débat (Gallimard), l’une des principales revues intellectuelles françaises, qu’il a fondée avec l’historien Pierre Nora en 1980. Il est l’auteur notamment d’une tétralogie consacrée à L’Avènement de la démocratie (Gallimard, 2017).

La démocratie est-elle en danger ?

Elle dysfonctionne au point de susciter une immense frustration chez une très grande partie des citoyens et d’engendrer une contestation dont on ne sait où elle mènera. En même temps, je ne suis pas pessimiste sur le fond car je ne vois pas émerger de véritable proposition alternative au régime démocratique. Il y a, certes, de confuses tentations autoritaires mais sans idéologie, force sociale ni organisation pour les porter. C’est la grande différence avec les années 1930 : le principe démocratique est entré dans les têtes à un tel degré que toute autre chose nous est impensable.

En revanche, nous n’avons pas de solutions satisfaisantes pour traduire la démocratie en pratique et la faire correctement fonctionner. Ce que je crains n’est donc pas une remise en cause mais une espère d’anomie démocratique où, au nom de la démocratie, des tentations totalement contradictoires se font jour sans permettre de frayer un chemin consensuel vers ce qui serait la bonne manière de la faire vivre. La situation est inédite et très troublante mais elle ne présage pas le retour des dictatures.

Pourtant, dans les enquêtes d’opinion, l’attachement à la démocratie recule tandis que la demande d’autorité progresse.

C’est vrai, mais il faut interpréter correctement ces données : ce qui fondamentalement s’exprime derrière cette aspiration à plus d’autorité est une demande d’efficacité politique qui n’est plus assurée. Pour bien fonctionner, la démocratie doit pouvoir garantir simultanément la liberté de chacun et l’efficacité du pouvoir collectif. La liberté de chacun est largement acquise.
En revanche, le pouvoir de tous apparaît complètement déficient. Il nourrit une frustration qui est au cœur du divorce actuel sur le terme même de démocratie. On le constate dans des démocraties aussi diverses que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne ou encore la France touchées à des degrés divers par le populisme.

En quoi la France se distingue-t-elle des autres ?

Elle a particulièrement mal vécu le tournant libéral des années 1980 car, de toutes les grandes démocraties, elle est celle qui attend le plus de l’autorité publique et croit le plus à l’efficacité de la politique. Or, en trente ans, le pouvoir s’est dilué dans des privatisations qui ont privé l’Etat de leviers essentiels, dans une décentralisation mal conduite et dans la prolifération d’autorités indépendantes qui ont brouillé la décision publique. Aussi, lorsque les Français ont des comptes à demander, c’est vers le président de la République et lui seul qu’ils se tournent parce que l’élection présidentielle a fait de lui l’unique responsable identifié.

L’esprit public est-il devenu « délétère », comme le dit Alain Juppé ?

Une révolution technologique s’est produite qui permet au premier venu d’insulter la Terre entière en toute impunité. Du point de vue de la philosophie libérale, cela pose un vrai problème : celui d’une liberté d’expression illimitée sans responsabilité. Une radicalité qui n’est plus politique mais morale et subjective se développe, marquée par une intolérance virulente au point de vue de l’autre.
C’est évidemment inquiétant car la démocratie, ce n’est pas seulement la liberté, mais la liberté au service d’une discussion commune destinée à aboutir à un accord pacificateur. Cette dimension-là est en train de s’évanouir psychologiquement de l’esprit des gens, y compris les plus cultivés.

Pourquoi les élites sont-elles à ce point stigmatisées ?

Ce qui leur est reproché n’est pas d’exister mais de ne pas se préoccuper du sort commun. La technocratie gaulliste des années 1960 était légitime, car elle était perçue comme travaillant selon l’éthique du service public.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a, en outre, un problème structurel qui tient au mélange et aux allers-retours entre public et privé. Il entretient un soupçon permanent de corruption dans l’esprit des citoyens. Il faut clarifier cette situation.

Est-il encore possible de réconcilier le peuple et les élus ?

Je le crois. Ce qui est saisissant dans le mouvement des « gilets jaunes », c’est la forte demande qu’ils adressent à la politique. Prenez leur revendication autour du référendum d’initiative citoyenne (RIC) : elle ne consiste pas à réclamer « tout le pouvoir pour les soviets » mais à faire valoir que, « sur un certain nombre de sujets, on ne vous fait pas confiance, donc on veut être consultés ». Je ne vois pas, dans le principe, ce qui interdirait de répondre à cette demande.

Faut-il toucher aux institutions ?

Je ne crois pas au bouleversement institutionnel. Les institutions ne seront jamais que ce qu’en font leurs acteurs. Tout repose sur la sagesse du personnel politique et sa capacité de résister aux illusions du pouvoir. Un président sage doit comprendre qu’il ne peut pas tout décider tout seul, réaliser qu’il a besoin de relais dans la société et trouver une traduction au besoin d’écoute qui s’y exprime.
La difficulté est qu’il manque un rouage essentiel pour mettre en cohérence ce que le peuple demande : les partis sont tous mal en point, mais à qui la faute, là encore ? Leurs responsables en ont-ils fait des organisations accueillantes qui contribuent à l’intelligence collective ? Ne rêvons pas d’une mécanique qui nous dispenserait de répondre à ces questions.
 

mardi 12 mars 2019

Les Amis du Théâtre / Molière



Le Roman de Monsieur Molière
de Mikhaïl Boulkakov
Jeudi 21 mars à 20H30
Gare du midi. Biarritz.

Boulkakov nous livre une vision éblouissante de la vie de Molière.
Ce récit légendaire d'une troupe ballotée entre les succès et les
revers est ici présenté dans une version vivante et enlevée,
entrecoupée de scènes de Molière et de morceaux de Lully joués au
piano.
Le spectateur assiste aux débuts chaotiques de l'Illustre-théâtre, à
son ascension fulgurante, à la querelle de "Tartuffe" et à la fin
solitaire de son chef.


Adaptation et mise en scène : Ronan Rivière

Lumière : Marc Augustin-Viguier

Costumes : Corinne Rossi


Production : COLLECTIF LA VOIX DES PLUMES


Avec : Ronan Rivière, Michaël Giorno-Cohen

Au piano : Olivier Mazal



« Ce qui me plaît dans cette histoire, c’est l’aventure du directeur de troupe, à la tête de sa caravane, sillonnant les routes de France à la recherche de son public, pour le distraire et le fustiger en même temps. C’est le récit passionnant d’un groupe qui ouvre une nouvelle brèche dans l’Art : celle d’une joyeuse révolte ». (Ronan Rivière).

LE MONDE.FR :

« Avec une belle énergie et la simplicité due au rang de tous les artistes, Ronan Riviere fait cavaler les spectateurs de plain-pied avec le saltimbanque en offrant de Molière un portrait terriblement attachant et surtout très vivant. Lui-même interprète ardemment Boulgakov et Molière, tandis que Michaël Cohen incarne une cavalcade de personnages avec une aisance stupéfiante et cerise sur le gâteau, nous pouvons goûter quelques airs de Lully dispersés au piano par Olivier MAZAL. Un spectacle comme une lettre d’amour envoyée à Molière, elle étourdit le cœur de tout le public. »

Evelyn Tran

LA TERRASSE :

« Fidèle au théâtre populaire et poétique qu'il déploie avec son collectif, Ronan Rivière adapte cette biographie avec une belle légèreté. Incarnant tantôt Molière et ses contemporains, tantôt le narrateur Boulgakov, les comédiens exécutent tout au long de la pièce des sauts de près de trois siècles. Au pied de la lourde charrette ou sur son dos, ils déploient ainsi une légèreté digne de la commedia dell’arte. Toute en jeux de masques et en petites facéties. Mais plus que la farce, c’est le mouvement qui importe. L’énergie et l’intelligence qui permettent d’entrer en empathie avec un homme d’un autre temps. »

Anaïs Heluin
FRANCE INFO :

« Un joli voyage avec Molière et Boulgakov. Vif, enjoué, charmant. Un décor de charrette à foin, quelques accessoires, deux comédiens : Rivière lui-même, clair narrateur qui joue Boulgakov et Molière. Michaël Cohen, très bien, très juste, très drôle quand, avec son physique de rond nounours aux yeux noirs, il nous fait Madeleine Béjart mais capable aussi de déclamer Philinte. Olivier Mazal se charge des respirations musicales, de Lully, qui, jouées au piano, s’imprègnent d’une étrange mélancolie. C’est parsemé de jolies idées, comme cette rampe de lumière qui devient le cercueil de Joseph Béjart, nos deux compères tiennent le rythme sans temps mort et l’on se dit « Déjà ! » quand les lumières se rallument. »

Bertrand Renard


Réservations et points de vente:
- Biarritz tourisme
- Office de tourisme d'Anglet
- Librairie Elkar à Bayonne
- A guichet, le soir du spectacle

Tarifs: 6 euros (scolaire) à 30 euros (première catégorie, tarif plein).

dimanche 3 mars 2019

Conférence de Baroja




Mardi 5 mars à 20h30
aux Ecuries de Baroja (Anglet)
Conférence de Jean-Claude Monod
Philosophe, chargé de recherches au CNRS, professeur de philosophie à l’École normale supérieure.
Auteur, entre autres, du livre Qu'est-ce qu'un chef en démocratie ? Politiques du charisme.

Titre de la conférence : Autorité et démocratie sont-elles compatibles ?
La démocratie étant fondée sur l'idée d'une égalité fondamentale des citoyens, elle semble devoir entrer en tension avec la notion d'autorité, qui implique une dissymétrie et une supériorité relative reconnue à une instance ou à une personne. Faut-il penser qu'il existe
une incompatibilité foncière entre démocratie et autorité, de telle sorte qu'une démocratie accomplie passerait par une "fin de l'autorité" et, inversement, que le principe d'autorité ne peut s'exercer qu'au détriment de la démocratie?
On tentera de montrer que cette interrogation, dont on trouve déjà trace en Grèce ancienne, est aujourd'hui relancée par divers processus qui suscitent un certain "trouble dans l'autorité" dont les effets sont loin d'être univoques.