MARDI
4 NOVEMBRE, Ecuries de Baroja, 20h30
Entrée libre et gratuite
Philippe
Caumières, professeur
agrégé de philosophie, auteur de Castoriadis. Le projet
d’autonomie, éditions Michalon, 2007.
Le
sens de la démocratie
Il
pourra paraître quelque peu surprenant, pour ne pas dire naïf, de
prétendre envisager le sens de la démocratie : n’est-elle
pas, comme le rappelle souvent Cornelius Castoriadis, ce que son nom
indique, à savoir le pouvoir du peuple ? Pour paraître limpide, une
telle approche bute toutefois sur l’épineuse question de savoir ce
qu’il en est au juste du peuple. Comment définir le pouvoir
politique d’une entité non spécifiée ? Ce qui s’affirme
par là n’est-ce pas, de fait, le pouvoir de quelques-uns ?
Penser la démocratie comme le fait Castoriadis, ce serait donc
dénier une division sociale comme le dénonce sévèrement Claude
Lefort en raison du risque de domination totalitaire que cela
fait courir. Aussi propose-t-il, non de définir la démocratie, mais
de la désigner comme un type de société où nul ne saurait
s’approprier le pouvoir.
Derrière
ces approches de la démocratie, il faut donc relever une option
quant à la nature du pouvoir. Si Lefort considère celui-ci comme
relevant d’une dynamique inquiétante qui le porte à s’affirmer
toujours davantage, Castoriadis le pense plutôt comme ce qui permet
l’action collective. Une telle divergence s’explique sans doute
du fait la démocratie n’est pas envisagée selon une même
perspective : Lefort s’intéresse à l’histoire
politique récente, percevant la démocratie comme l’Autre de la
monarchie aussi bien que du totalitarisme ; Castoriadis, lui,
fait retour sur l’expérience Grecque ancienne, à Athènes au Ve
siècle. Nous tâcherons de manifester qu’elle
permet surtout d’éclairer les tendances à l’œuvre
dans les sociétés occidentales modernes.