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dimanche 28 mai 2017
mercredi 17 mai 2017
Macronmania ?
SOURCE :
http://www.liberation.fr/debats/2017/05/14/resistance-a-la-macronmania-premieres-pistes_1569475
http://www.liberation.fr/debats/2017/05/14/resistance-a-la-macronmania-premieres-pistes_1569475
Chronique «Médiatiques»
Résistance à la macronmania, premières pistes
Par Daniel Schneidermann —
C’est justement parce que le nouveau président exerce une indéniable séduction qu’il va falloir faire preuve de la plus grande vigilance.
Qu’il soit séduisant, pourquoi le nier? Il paraît que de vieux autocrates des affaires y ont succombé, dans les années Rothschild. Et comment ne pas succomber à la sympathie pour ce jeune homme, tel que le montrait le documentaire de Yann L’Hénoret diffusé sur TF1 dès le lundi soir, Macron : les coulisses d’une victoire.
Ce jeune homme qui «se marre» en visionnant les images où on le voit recevoir un œuf «sur la tronche» au Salon de l’agriculture, qui obtempère quand son épouse lui interdit le chocolat, et qui brave les consignes de ses gardes du corps pour aller à la rencontre de manifestants ?
Il faut donc d’abord la reconnaître, cette séduction. La nommer. Oui Emmanuel Macron est sympathique, attentif avec l’entourage, bluffant, brillant, zen, tout ce qu’on voudra. Oui, son entourage est tout aussi sympa, à commencer par sa jeune chargée de presse franco-sénégalaise, Sibeth Ndiaye, que le documentaire nous montre courant et se faufilant partout, avec ses baskets et qui, logiquement, crève l’écran. Oui, dans les premières minutes du documentaire, une bonne partie de la France s’exclama : «Mais il est vraiment sympa, en fait.» Rien d’étonnant: tout nouveau pouvoir rayonne d’abord de fraîcheur, de bonnes intentions, fait irrésistiblement lever des espérances, et celui-ci comme les autres.
Ne pas la nier, cette séduction, pour parer au premier danger: être ringardisé, rejeté dans le camp des sceptiques professionnels, des grincheux, des cœurs secs. Mais s’il faut la reconnaître, c’est justement pour mieux chercher à s’en dégager. Car Emmanuel Macron, maintenant, c’est le pouvoir. Et tout pouvoir ne peut que chercher à imposer une légende, un roman, il va raconter une histoire. Image dont il importe, aujourd’hui comme hier, pour sa survie intellectuelle, et tout simplement pour la démocratie, de se mettre à distance.
Les premières minutes du documentaire de TF1, donc, réussirent pleinement leur percée dans les consciences. Coolitude de tous les instants, jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une soufflante du boss à son équipe, jamais un croche-patte, jamais une rivalité dans cette équipe. Puis, survient l’erreur: le traitement du soir du premier tour, et ces faux pas en série. Le discours prématurément triomphaliste, et l’épisode de la Rotonde, on attend de voir comment le réalisateur va s’en sortir. On attend: et puis rien. La Rotonde passe comme une lettre à la Poste. Et c’est ici qu’on commence à se méfier. Tiens, tiens. Il peut donc y avoir du hors champ. Et quel serait-il, ce hors champ? Reviennent alors des souvenirs désordonnés. Tiens, tiens, Macron n’a-t-il pas éjecté un de ses conseillers santé, quand la presse révéla qu’il était rémunéré par Servier? Pas un mot. Et les cafouillages sur le programme qui ne venait pas? Pas une image. Et les fausses paparazzades avec Brigitte, organisées par la nommée Mimi Marchand, «reine des people», et intime du couple ? Pas un bout d’image. Et à propos, la si sympathique Sibeth Ndiaye, engueulant au téléphone un journaliste des Inrocks: qu’est-ce donc, au fond, qu’une attachée de presse de mauvaise foi tentant de sauver la mise à son boss, après un dérapage dudit boss ?
Dans les JT, logiquement macronisés ces derniers jours, même mécanique de mise hors champ des notes discordantes. Aux premières rebuffades précoces venues d’Allemagne et de Bruxelles est réservée la même portion congrue, alors que c’est la seule chose qui va compter. Le soir suivant la publication des investitures, au 20 heures de France 2, dans un long sujet sur la sélection des futurs députés, pas un mot sur le caillou Bayrou dans la chaussure du nouveau président.
Dans les portraits, même topo. Un article du Monde retrace la carrière d’Emmanuel Macron chez Rothschild. Mais élude en quelques lignes l’anecdote la plus dérangeante pour le storytelling : comment le jeune banquier, ayant proposé son aide gracieuse aux journalistes lors de la vente du Monde, se fit courser dans un escalier par l’un d’entre eux, qui avait découvert par hasard qu’il roulait clandestinement pour un des repreneurs du journal. Plus l’image sera belle, plus il faudra chercher le hors champ.
Ce jeune homme qui «se marre» en visionnant les images où on le voit recevoir un œuf «sur la tronche» au Salon de l’agriculture, qui obtempère quand son épouse lui interdit le chocolat, et qui brave les consignes de ses gardes du corps pour aller à la rencontre de manifestants ?
Il faut donc d’abord la reconnaître, cette séduction. La nommer. Oui Emmanuel Macron est sympathique, attentif avec l’entourage, bluffant, brillant, zen, tout ce qu’on voudra. Oui, son entourage est tout aussi sympa, à commencer par sa jeune chargée de presse franco-sénégalaise, Sibeth Ndiaye, que le documentaire nous montre courant et se faufilant partout, avec ses baskets et qui, logiquement, crève l’écran. Oui, dans les premières minutes du documentaire, une bonne partie de la France s’exclama : «Mais il est vraiment sympa, en fait.» Rien d’étonnant: tout nouveau pouvoir rayonne d’abord de fraîcheur, de bonnes intentions, fait irrésistiblement lever des espérances, et celui-ci comme les autres.
Ne pas la nier, cette séduction, pour parer au premier danger: être ringardisé, rejeté dans le camp des sceptiques professionnels, des grincheux, des cœurs secs. Mais s’il faut la reconnaître, c’est justement pour mieux chercher à s’en dégager. Car Emmanuel Macron, maintenant, c’est le pouvoir. Et tout pouvoir ne peut que chercher à imposer une légende, un roman, il va raconter une histoire. Image dont il importe, aujourd’hui comme hier, pour sa survie intellectuelle, et tout simplement pour la démocratie, de se mettre à distance.
Les premières minutes du documentaire de TF1, donc, réussirent pleinement leur percée dans les consciences. Coolitude de tous les instants, jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une soufflante du boss à son équipe, jamais un croche-patte, jamais une rivalité dans cette équipe. Puis, survient l’erreur: le traitement du soir du premier tour, et ces faux pas en série. Le discours prématurément triomphaliste, et l’épisode de la Rotonde, on attend de voir comment le réalisateur va s’en sortir. On attend: et puis rien. La Rotonde passe comme une lettre à la Poste. Et c’est ici qu’on commence à se méfier. Tiens, tiens. Il peut donc y avoir du hors champ. Et quel serait-il, ce hors champ? Reviennent alors des souvenirs désordonnés. Tiens, tiens, Macron n’a-t-il pas éjecté un de ses conseillers santé, quand la presse révéla qu’il était rémunéré par Servier? Pas un mot. Et les cafouillages sur le programme qui ne venait pas? Pas une image. Et les fausses paparazzades avec Brigitte, organisées par la nommée Mimi Marchand, «reine des people», et intime du couple ? Pas un bout d’image. Et à propos, la si sympathique Sibeth Ndiaye, engueulant au téléphone un journaliste des Inrocks: qu’est-ce donc, au fond, qu’une attachée de presse de mauvaise foi tentant de sauver la mise à son boss, après un dérapage dudit boss ?
Dans les JT, logiquement macronisés ces derniers jours, même mécanique de mise hors champ des notes discordantes. Aux premières rebuffades précoces venues d’Allemagne et de Bruxelles est réservée la même portion congrue, alors que c’est la seule chose qui va compter. Le soir suivant la publication des investitures, au 20 heures de France 2, dans un long sujet sur la sélection des futurs députés, pas un mot sur le caillou Bayrou dans la chaussure du nouveau président.
Dans les portraits, même topo. Un article du Monde retrace la carrière d’Emmanuel Macron chez Rothschild. Mais élude en quelques lignes l’anecdote la plus dérangeante pour le storytelling : comment le jeune banquier, ayant proposé son aide gracieuse aux journalistes lors de la vente du Monde, se fit courser dans un escalier par l’un d’entre eux, qui avait découvert par hasard qu’il roulait clandestinement pour un des repreneurs du journal. Plus l’image sera belle, plus il faudra chercher le hors champ.
mardi 16 mai 2017
Quel député était Edouard Philippe, nouveau premier ministre ?
SOURCE :
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/05/16/votes-assiduite-qui-etait-le-depute-edouard-philippe-nouveau-premier-ministre_5128601_4355770.html
Les chiffres du député Edouard Philippe le situent plutôt dans le bas du classement. En termes de présence, le député LR de la septième circonscription de Seine-Maritime, également maire du Havre, a été en commission et/ou a pris la parole dans l’hémicycle 113 semaines sur les 204 que compte son mandat.
Même constat quant aux jours de présence en commission. Membre de la commission des lois, M. Philippe a également participé à des réunions de la commission de la défense et de celle du développement durable. Au total, il s’est rendu 124 jours aux réunions de travail, alors que la médiane de la présence des députés en commission est de 192 jours (c’est-à-dire que la moitié des députés ont été en commission moins de 192 jours tandis que l’autre moitié a été présente plus de 192 jours).
Nous faisons ici le choix d’utiliser la médiane et non la moyenne car cette dernière peut être « faussée » par les valeurs extrêmes (ici, les députés toujours ou jamais présents), ce qui n’est pas le cas de la médiane.
Dans son travail parlementaire effectif, le maire du Havre se retrouve également dans les rangs des mauvais élèves du Parlement. Que ce soit en nombre d’interventions en commission ou dans l’hémicycle, en nombre d’amendements proposés ou de questions orales posées, Edouard Philippe se trouve toujours en deçà de la médiane de ses collègues députés.
Ces chiffres, agrégés et relayés par NosDéputés.fr – un site indépendant qui compile toutes les données disponibles sur le travail parlementaire – le placent dans les cent cinquante députés les moins actifs à l’Assemblée nationale.
M. Philippe a voté pour, comme la majorité des députés de son camp. Une quarantaine d’élus UMP avaient voté contre ou s’étaient abstenus. Aucune mesure pour la fin de vie ne figure toutefois au programme d’Emmanuel Macron, qui a dit se satisfaire de cette loi et souhaiter un « débat national » sur le sujet.
En 2016, le gouvernement a proposé une loi octroyant de nouveaux moyens d’investigation aux juges et aux procureurs. Le nouveau premier ministre a voté pour, comme la quasi-totalité des députés LR. De même, il a soutenu les multiples prolongation de l’état d’urgence.
En revanche, Edouard Philippe s’était fermement opposé à la « loi renseignement » en 2015 car elle réduisait, selon lui, les libertés individuelles. Contrairement à la majorité des députés LR, il avait voté contre.
Tous les députés UMP n’avaient cependant pas fait le même choix que M. Philippe : vingt et un avaient voté contre et onze avaient voté pour.
Emmanuel Macron a promis de prolonger cette loi en ouvrant le droit à la procréation médicalement assistée aux couples de femmes.
Son nouveau premier ministre a voté contre les deux textes qui ont porté ces réformes. Tous les députés à l’époque UMP ne l’ont pas fait : Thierry Mariani et Gérald Darmanin se sont abstenus. D’autres, comme Patrick Hetzel ou Laurent Wauquiez, ont voté pour.
Edouard Philippe a également voté contre la loi relative à la fraude fiscale et à la grande délinquance économique et financière, qui a notamment créé le Parquet national financier.
Là encore, M. Philippe a voté contre, comme la quasi-totalité son groupe parlementaire (un seul député s’est abstenu).
Le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), premier volet de la baisse des charges pour les entreprises, a été adopté dans le projet de loi de finances rectificatif de 2012. Le nouveau premier ministre a voté contre ce texte, comme la quasi-totalité de son camp (un député seulement s’est abstenu). Le CICE avait été introduit par un amendement du gouvernement, et peu de députés étaient présents dans l’hémicycle au moment de son adoption. Les quelques parlementaires UMP ont voté contre.
Deux ans plus tard, les principales dispositions du pacte de responsabilité, notamment la baisse des cotisations sociales pour les entreprises, figuraient dans le projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale 2014, et M. Philippe n’était pas présent au moment du vote.
Il est difficile de conclure à une réelle opposition d’Edouard Philippe à tous ces textes, tant l’appartenance aux partis structure les votes à l’Assemblée nationale. Mais ces exemples montrent que le nouveau premier ministre s’inscrivait jusqu’ici dans la tradition de la discipline partisane, qu’Emmanuel Macron a assuré vouloir dépasser.
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/05/16/votes-assiduite-qui-etait-le-depute-edouard-philippe-nouveau-premier-ministre_5128601_4355770.html
Le premier ministre choisi par Emmanuel Macron vient de passer cinq ans à l’Assemblée nationale. Portrait du nouveau chef du gouvernement à travers son travail parlementaire.
LE MONDE | • Mis à jour le |
Par Maxime Delrue et Eléa Pommiers
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C’est un homme sans expérience gouvernementale qui est entré, lundi 15 mai, à Matignon. Emmanuel Macron a choisi Edouard Philippe, député Les Républicains, par ailleurs maire du Havre (Seine-Maritime) et proche d’Alain Juppé, pour prendre la tête du nouveau gouvernement. Le président de la République l’a désigné pour former une majorité « de renouvellement » et pour « recomposer la vie politique ».
Peu connu du grand public, Edouard Philippe a pourtant fréquenté les bancs de l’Assemblée nationale pendant cinq ans. Heures de présence, votes de textes emblématiques : portrait parlementaire d’un élu très souvent en opposition avec le gouvernement… et avec des projets aujourd’hui portés par Emmanuel Macron.Un député peu présent et peu actif à l’Assemblée
Le travail de député ne se limite pas aux votes. Commissions parlementaires, questions orales et écrites, propositions d’amendements font aussi partie du quotidien des 577 représentants du peuple au Palais-Bourbon. Les uns et les autres s’y attellent avec plus ou moins d’assiduité.Les chiffres du député Edouard Philippe le situent plutôt dans le bas du classement. En termes de présence, le député LR de la septième circonscription de Seine-Maritime, également maire du Havre, a été en commission et/ou a pris la parole dans l’hémicycle 113 semaines sur les 204 que compte son mandat.
Même constat quant aux jours de présence en commission. Membre de la commission des lois, M. Philippe a également participé à des réunions de la commission de la défense et de celle du développement durable. Au total, il s’est rendu 124 jours aux réunions de travail, alors que la médiane de la présence des députés en commission est de 192 jours (c’est-à-dire que la moitié des députés ont été en commission moins de 192 jours tandis que l’autre moitié a été présente plus de 192 jours).
Nous faisons ici le choix d’utiliser la médiane et non la moyenne car cette dernière peut être « faussée » par les valeurs extrêmes (ici, les députés toujours ou jamais présents), ce qui n’est pas le cas de la médiane.
Le député Edouard Philippe, moins présent que les autres
1 835 amendements signés
Un seul critère le situe au-dessus de la médiane : le nombre d’amendements signés. Le nouveau premier ministre a apposé son nom sur 1 835 amendements contre 1 597 pour la médiane de députés. Attention, il ne s’agit pas du nombre d’amendements déposés par le député lui-même mais du total de ceux sur lesquels il a rejoint d’autres de ses camarades.Edouard Philippe, parmi les moins actifs à l'Assemblée Nationale
Edouard Philippe n’a pas voté la majorité des lois emblématiques du quinquennat
Le nouveau premier ministre a montré son opposition à la quasi-totalité des principales lois du dernier quinquennat. Or, Emmanuel Macron souhaite conserver, voire renforcer, plusieurs d’entre elles, comme nous l’avions montré dans cet article. Nous avons retracé les votes d’Edouard Philippe sur une dizaine de textes. Les lois Macron et El Khomri n’y figurent pas car elles ont été adoptées sans vote des parlementaires, avec l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. Le nouveau locataire de Matignon a cependant voté les motions de censure contre le gouvernement à chaque fois.Il a voté pour
- La loi sur les droits des personnes en fin de vie
M. Philippe a voté pour, comme la majorité des députés de son camp. Une quarantaine d’élus UMP avaient voté contre ou s’étaient abstenus. Aucune mesure pour la fin de vie ne figure toutefois au programme d’Emmanuel Macron, qui a dit se satisfaire de cette loi et souhaiter un « débat national » sur le sujet.
En 2016, le gouvernement a proposé une loi octroyant de nouveaux moyens d’investigation aux juges et aux procureurs. Le nouveau premier ministre a voté pour, comme la quasi-totalité des députés LR. De même, il a soutenu les multiples prolongation de l’état d’urgence.
En revanche, Edouard Philippe s’était fermement opposé à la « loi renseignement » en 2015 car elle réduisait, selon lui, les libertés individuelles. Contrairement à la majorité des députés LR, il avait voté contre.
Il s’est abstenu
- Loi sur l’égalité hommes-femmes
Tous les députés UMP n’avaient cependant pas fait le même choix que M. Philippe : vingt et un avaient voté contre et onze avaient voté pour.
- Le mariage pour tous
Emmanuel Macron a promis de prolonger cette loi en ouvrant le droit à la procréation médicalement assistée aux couples de femmes.
Il a voté contre
- La transparence et la moralisation de la vie publique
Son nouveau premier ministre a voté contre les deux textes qui ont porté ces réformes. Tous les députés à l’époque UMP ne l’ont pas fait : Thierry Mariani et Gérald Darmanin se sont abstenus. D’autres, comme Patrick Hetzel ou Laurent Wauquiez, ont voté pour.
Edouard Philippe a également voté contre la loi relative à la fraude fiscale et à la grande délinquance économique et financière, qui a notamment créé le Parquet national financier.
- La lutte contre le système prostitutionnel
- La loi sur la transition énergétique
Là encore, M. Philippe a voté contre, comme la quasi-totalité son groupe parlementaire (un seul député s’est abstenu).
- La réforme territoriale
- La baisse de d’impôts et de cotisations sociales pour les entreprises
Le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), premier volet de la baisse des charges pour les entreprises, a été adopté dans le projet de loi de finances rectificatif de 2012. Le nouveau premier ministre a voté contre ce texte, comme la quasi-totalité de son camp (un député seulement s’est abstenu). Le CICE avait été introduit par un amendement du gouvernement, et peu de députés étaient présents dans l’hémicycle au moment de son adoption. Les quelques parlementaires UMP ont voté contre.
Deux ans plus tard, les principales dispositions du pacte de responsabilité, notamment la baisse des cotisations sociales pour les entreprises, figuraient dans le projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale 2014, et M. Philippe n’était pas présent au moment du vote.
- Le non-cumul des mandats
Il est difficile de conclure à une réelle opposition d’Edouard Philippe à tous ces textes, tant l’appartenance aux partis structure les votes à l’Assemblée nationale. Mais ces exemples montrent que le nouveau premier ministre s’inscrivait jusqu’ici dans la tradition de la discipline partisane, qu’Emmanuel Macron a assuré vouloir dépasser.
mercredi 10 mai 2017
Le renouveau politique ?
SOURCE :
https://reporterre.net/Macron-le-president-du-vieux-monde
https://reporterre.net/Macron-le-president-du-vieux-monde
Macron, le président du vieux monde
9 mai 2017 / par Hervé Kempf (Reporterre)
Sous les habits neufs de M. Macron, le néo-libéralisme continue sans changer. Marginalisant l’écologie, et oubliant l’inégalité sociale.
Emmanuel Macron est un personnage remarquable : on ne gravit pas aussi rapidement les échelons de la pyramide du pouvoir si l’on n’est pas doté de qualités exceptionnelles. Et même si la chance a largement joué son rôle - la faillite de François Fillon, la déliquescence plus rapide que prévue du Parti socialiste -, la capacité à s’engouffrer dans les opportunités est un talent que tous n’ont pas. Il ne fait pas de doute que cette énergie ascensionnelle va continuer à se déployer dans les premiers mois de la nouvelle présidence.
Il reste que M. Macron n’a pas gravi la montagne à la force de son seul poignet. Massivement soutenu par tous les médias des dominants (faut-il encore rappeler que la "presse" est aujourd’hui l’instrument des Arnault, Bolloré, Bouygues, Dassault, Drahi, Lagardère, Niel, Pigasse, Pinault... ?), il n’a pas gagné à la loyale. Plutôt qu’un duel Macron-Le Pen, on aurait pu assister à un duel Macron-Mélenchon bien plus stimulant si la presse oligarchique n’avait pas pilonné dans la dernière ligne droite le candidat de la France insoumise. Mais l’oligarchie avait bien sûr choisi son camp. Ce serait Fillon ou Macron. Fillon tombant à l’eau, ce fut Macron.
Homme remarquable, appliquant les méthodes entrepreneuriales en vogue - En marche a appliqué tous les outils marketing et a fonctionné en mode "start-up", comme l’a raconté Mediapart -, M. Macron n’en est pas moins porteur des idées du vieux monde. Le vieux monde ? Celui où l’on croit que la croissance reste le moteur de l’équilibre social, que la question écologique est secondaire, et qu’une société peut vivre sans désordre avec de fortes inégalités.
Pour grimper rapidement, M. Macron a adopté les idées de ses parrains. Ou étaient-ce les siennes ? Peu importe. Deux hommes en particulier l’ont propulsé vers les hautes sphères : Henry Hermand, millionnaire ayant fait fortune dans la construction de centres commerciaux dévoreurs de terres agricoles et propageant l’étalement urbain, et Jacques Attali, qui l’a recruté en 2007 dans sa "Commission pour la libération de la croissance". Le nom de cette commission créée par M. Sarkozy en disait tout. Parmi les prescriptions qui révélaient la pertinence de ses analyses, il y avait la libération accrue des règles du marché financier parisien, un an avant que n’éclate la grande crise financière... Mais l’oligarchie n’a cure de ses erreurs, et M. Attali continue à parader, tandis que ses poulains galopent dans les prairies du pouvoir. Et de l’argent, puisque M. Macron est passé par la banque Rotschild.
Béton, croissance et finances, voilà donc le terreau idéologique sur lequel M. Macron s’est épanoui. Le nouveau président a déjà quatre ans d’expérience gouvernementale à son actif, à l’Elysée où il a conseillé François Hollande dans son orientation néo-libérale, puis au ministère de l’Economie.
Et la liste des actes ou intentions de M. Macron parle d’elle-même : travail le dimanche, facilitation de l’affichage publicitaire, permis de recherche de gaz de schiste, soutien au projet nucléaire d’Hinkley Point, autorisation de l’extraction de sable à Lannion, accord très favorable aux sociétés autoroutières, encouragement à l’exploitation minière en Guyane, amendement législatif sur les déchets nucléaires à Bure - l’écologie est le cadet des soucis du nouveau président.
Et les signaux qu’il a lancé ne sont pas très positifs : en matière d’agriculture, il veut « continuer le combat » de son « ami » Xavier Beulin, chantre de l’industrialisation agricole et de la sa compétitivité. Son programme d’investissement sur la transition écologique s’élève à un modeste 15 milliards d’euros sur cinq ans, moins, rappelait Thomas Porcher lors de notre Alter soirée électorale que le coût du projet nucléaire d’Hinkley Point en Angleterre. Quant à son entourage proche, il vient pour partie du monde du béton de son parrain Henry Hermand : avant de rejoindre En marche comme porte-parole, Benjamin Griveaux était chez Unibail Rodamco, grand promoteur de l’immobilier commercial (qui veut par exemple lancer Val Tolosa). « Le programme Macron fait saliver les promoteurs », signale La Lettre A, en laissant notamment prévoir l’abaissement des possibilités de recours contre les permis de construire.
Sur les autres domaines que l’environnement, n’attendez pas de progrès. Le mot « inégalité » n’apparait pas dans le programme de M. Macron, pas plus que celui d’évasion fiscale. Une nouvelle loi Travail sera imposée par ordonnances (une variante du 49.3, consistant à se passer du Parlement pour légiférer), et pour la « sécurité », on embauchera 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires et l’on construira 15.000 places de prison.
Tout cela n’est guère encourageant. Le néo-libéralisme continue sous de nouveaux habits, l’écologie est marginalisée, le vieux monde perdure.
Mais il craque. Le niveau étonnamment élevé des votes blancs ou nuls au deuxième tour de l’élection présidentielle montre que de plus en plus de gens ne supportent plus le chantage qui nous est imposé entre le fascisme et le néo-libéralisme. L’assise de M. Macron n’est pas solide. Et autre tournant porteur d’espoir de cette campagne présidentielle, le camp de la gauche a solidement intégré l’écologie dans sa vision du monde et dans sa politique. Il reste à ce que ce camp s’unisse. Sinon les vieilles idées de M. Macron continueront à détruire le monde.
Il reste que M. Macron n’a pas gravi la montagne à la force de son seul poignet. Massivement soutenu par tous les médias des dominants (faut-il encore rappeler que la "presse" est aujourd’hui l’instrument des Arnault, Bolloré, Bouygues, Dassault, Drahi, Lagardère, Niel, Pigasse, Pinault... ?), il n’a pas gagné à la loyale. Plutôt qu’un duel Macron-Le Pen, on aurait pu assister à un duel Macron-Mélenchon bien plus stimulant si la presse oligarchique n’avait pas pilonné dans la dernière ligne droite le candidat de la France insoumise. Mais l’oligarchie avait bien sûr choisi son camp. Ce serait Fillon ou Macron. Fillon tombant à l’eau, ce fut Macron.
Homme remarquable, appliquant les méthodes entrepreneuriales en vogue - En marche a appliqué tous les outils marketing et a fonctionné en mode "start-up", comme l’a raconté Mediapart -, M. Macron n’en est pas moins porteur des idées du vieux monde. Le vieux monde ? Celui où l’on croit que la croissance reste le moteur de l’équilibre social, que la question écologique est secondaire, et qu’une société peut vivre sans désordre avec de fortes inégalités.
Pour grimper rapidement, M. Macron a adopté les idées de ses parrains. Ou étaient-ce les siennes ? Peu importe. Deux hommes en particulier l’ont propulsé vers les hautes sphères : Henry Hermand, millionnaire ayant fait fortune dans la construction de centres commerciaux dévoreurs de terres agricoles et propageant l’étalement urbain, et Jacques Attali, qui l’a recruté en 2007 dans sa "Commission pour la libération de la croissance". Le nom de cette commission créée par M. Sarkozy en disait tout. Parmi les prescriptions qui révélaient la pertinence de ses analyses, il y avait la libération accrue des règles du marché financier parisien, un an avant que n’éclate la grande crise financière... Mais l’oligarchie n’a cure de ses erreurs, et M. Attali continue à parader, tandis que ses poulains galopent dans les prairies du pouvoir. Et de l’argent, puisque M. Macron est passé par la banque Rotschild.
Béton, croissance et finances
Béton, croissance et finances, voilà donc le terreau idéologique sur lequel M. Macron s’est épanoui. Le nouveau président a déjà quatre ans d’expérience gouvernementale à son actif, à l’Elysée où il a conseillé François Hollande dans son orientation néo-libérale, puis au ministère de l’Economie.
Et la liste des actes ou intentions de M. Macron parle d’elle-même : travail le dimanche, facilitation de l’affichage publicitaire, permis de recherche de gaz de schiste, soutien au projet nucléaire d’Hinkley Point, autorisation de l’extraction de sable à Lannion, accord très favorable aux sociétés autoroutières, encouragement à l’exploitation minière en Guyane, amendement législatif sur les déchets nucléaires à Bure - l’écologie est le cadet des soucis du nouveau président.
Et les signaux qu’il a lancé ne sont pas très positifs : en matière d’agriculture, il veut « continuer le combat » de son « ami » Xavier Beulin, chantre de l’industrialisation agricole et de la sa compétitivité. Son programme d’investissement sur la transition écologique s’élève à un modeste 15 milliards d’euros sur cinq ans, moins, rappelait Thomas Porcher lors de notre Alter soirée électorale que le coût du projet nucléaire d’Hinkley Point en Angleterre. Quant à son entourage proche, il vient pour partie du monde du béton de son parrain Henry Hermand : avant de rejoindre En marche comme porte-parole, Benjamin Griveaux était chez Unibail Rodamco, grand promoteur de l’immobilier commercial (qui veut par exemple lancer Val Tolosa). « Le programme Macron fait saliver les promoteurs », signale La Lettre A, en laissant notamment prévoir l’abaissement des possibilités de recours contre les permis de construire.
Sur les autres domaines que l’environnement, n’attendez pas de progrès. Le mot « inégalité » n’apparait pas dans le programme de M. Macron, pas plus que celui d’évasion fiscale. Une nouvelle loi Travail sera imposée par ordonnances (une variante du 49.3, consistant à se passer du Parlement pour légiférer), et pour la « sécurité », on embauchera 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires et l’on construira 15.000 places de prison.
Tout cela n’est guère encourageant. Le néo-libéralisme continue sous de nouveaux habits, l’écologie est marginalisée, le vieux monde perdure.
Mais il craque. Le niveau étonnamment élevé des votes blancs ou nuls au deuxième tour de l’élection présidentielle montre que de plus en plus de gens ne supportent plus le chantage qui nous est imposé entre le fascisme et le néo-libéralisme. L’assise de M. Macron n’est pas solide. Et autre tournant porteur d’espoir de cette campagne présidentielle, le camp de la gauche a solidement intégré l’écologie dans sa vision du monde et dans sa politique. Il reste à ce que ce camp s’unisse. Sinon les vieilles idées de M. Macron continueront à détruire le monde.
mardi 2 mai 2017
lundi 1 mai 2017
Grosse fatigue
SOURCE :
http://autofictif.blogspot.fr/
Emmanuel Macron a promis de s’entourer de « nouveaux visages ». Premiers invités pour fêter son succès à La Rotonde : Jacques Attali, Line Renaud, Pierre Arditi et Erik Orsenna (vous verrez qu’il sera ministre de la culture, celui-là)… Visages si usés qu’on ne peut simplement les regarder sans se sentir soi-même bien fatigué. Et dire qu’il va pourtant falloir voter pour eux…
Blog de l'écrivain Eric Chevillard à découvrir de toute urgence !
http://autofictif.blogspot.fr/
Emmanuel Macron a promis de s’entourer de « nouveaux visages ». Premiers invités pour fêter son succès à La Rotonde : Jacques Attali, Line Renaud, Pierre Arditi et Erik Orsenna (vous verrez qu’il sera ministre de la culture, celui-là)… Visages si usés qu’on ne peut simplement les regarder sans se sentir soi-même bien fatigué. Et dire qu’il va pourtant falloir voter pour eux…